Je conçois des plans pour les hommes. A ces hommes, je propose un habitat rénové, des structures repensées, une tentative de rencontre de la tradition et de la modernité, ou tout simplement, une architecture heureuse
Olivier-Clément Cacoub
Olivier-Clément Cacoub naît en 1920 à Tunis où il étudie à l’Ecole des Beaux-Arts avant d’arriver en France en 1942 pour devenir architecte. Le 15 Avril 1947, il obtient le prix Paul Delaon au concours de fondation d’architecture Delaon et Faure. Il commence sa carrière comme architecte-conseil dans son pays natal, la Tunisie, où il est chargé de moderniser un pays en pleine reconstruction. Dans son article « Le président, la mer et l’architecte. Cacoub bâtisseur d’une nation touristique », l’historienne de l’art Charlotte Mus-Jelidi écrit que dans les années soixante, soixante-dix, « non seulement les architectures hôtelières doivent permettre aux touristes étrangers en quête d’exotisme de se dépayser, mais leur construction est sous-tendue par un second enjeu : elles doivent correspondre, voire participer, à l’image, moderne, que veut incarner le jeune État1. » Olivier-Clément Cacoub se spécialise alors dans les réalisations hôtelières, il sera l’architecte « le plus influent des décennies post-indépendances2. » Il construit notamment le Stade de Monastir inauguré en 1958 et le Palais Présidentiel de Carthage de 1960 à 1969. Fortement influencé par le mouvement Moderne du Corbusier, l’architecture d’Olivier-Clément Cacoub est un savant équilibre entre l’ancien et le nouveau. Il s’inspire des formes architecturales traditionnelles des pays dans lesquels il travaille tout en réalisant de grandes constructions en béton.
En 1953, Cacoub remporte le prestigieux Premier Grand prix de Rome qui lui vaudra une reconnaissance internationale. Il se voit alors confier la construction de diverses universités dont celle de Grenoble qu’il aménage de 1964 à 1967 sur le modèle de celle d’Orléans. En effet, peu après l’obtention de son prix, il est chargé de concevoir, aux côtés de l’architecte Louis Arretche, la nouvelle Université d’Orléans. Si ce dernier est davantage chargé de la construction d’ensemble avec le quartier de La Source et Cacoub du campus, ils ont comme idée commune de préserver la nature afin de faire de l’Université d’Orléans La Source, un grand espace de respiration. Comme écrit dans l’article « Histoire de l’implantation du campus d’Orléans La Source », le terrain acheté par la ville d’Orléans est un espace champêtre composé de petites forêts et de champs. Face à la densité urbaine des universités parisiennes, les espaces verts de celle d’Orléans deviendront un atout majeur. Les premières grandes idées partagées entre Olivier-Clément Cacoub et le recteur de l’académie Orléans-Tours, Gérald Antoine, sont de s’inspirer des campus anglo-saxon qui sont de véritables lieux de vie. Cacoub souhaite alors créer en premier lieu une aula magna, une « grande salle » en latin, c’est-à-dire un espace permettant la rencontre, la culture et l’échange dont le Lac en sera le centre.
Débute alors la construction du restaurant universitaire Le Forum, l’UFR de Science puis celle de l’UFR Droit, Economie et Gestion. Chaque bâtiment est construit dans un style résolument Moderne et dans un souci d’harmoniser la nature au bâti. En effet, comme pour ses constructions en Tunisie, de grands espaces vitrés sont présents sur les façades des bâtiments afin de créer un échange entre le construit et le naturel. Selon le relevé de la végétation déjà existante fourni par le rectorat à Cacoub, ce dernier végétalise un maximum l’Université en espaçant chaque composante. Il créé alors des petits chemins naturels pour valoriser ce patrimoine et placer directement l’usager en son sein. Cacoub conçoit l’Université d’Orléans comme un grand espace de liberté, de nature et de rencontre, à l’image des modèles américains.
Par la suite, Olivier-Clément Cacoub sera notamment chargé de la construction du Palais de la Méditerranée à Nice, qu’il réalisera en 1968, du Palais Présidentiel de Yaoundé au Cameroun dont la construction remonte au début des années 1980. Il rénovera de 1985 à 1995 le marché Saint-Germain à Paris et construira l’immeuble Le Ponant en 1989, toujours à Paris. Architecte particulièrement prolifique dans les années 1970-1990, Cacoub obtient diverses distinctions et devient en 1984 président de la Compagnie des architectes en chef des Bâtiments civils et palais nationaux3. Il meurt à Paris en 2008. Christine Albanel, alors Ministre de la Culture et de la Communication lui rendra hommage par ces mots : « Prolifique, respectueux dans l’audace, Olivier-Clément Cacoub laissera le souvenir d’un architecte dont la motivation profonde était de rendre les gens plus heureux4. »
1 Charlotte Mus-Jelidi, « Le président, la mer et l’architecte. Cacoub bâtisseur d’une nation touristique », in Fabrique du tourisme et expériences patrimoniales au Maghreb (XIXe-XXIe siècles), coll. Descriptions du Maghreb, Centre Jacques-Berque, Rabat, 2018, https://books.openedition.org/cjb/1550?lang=fr
2 Ibid.
3 Marie-Laure Crosnier Leconte, Agorha, 10 Juillet 2020, https://agorha.inha.fr/inhaprod/ark:/54721/002148942
4 Christine Albanel, communiqué du 29 Avril 2008, https://www.lemoniteur.fr/article/deces-de-l-architecte-olivier-clement-cacoub.907754
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