Hommage à Lavoiser

Réalisée en 1978 par Roger Toulouse (1918-1994), célèbre artiste orléanais, cette sculpture était à l’origine destinée au groupe scolaire Antoine Lavoisier d’Orléans-La Source dans le cadre du programme 1% artistique. En 2020, après plusieurs péripéties, la sculpture rejoint le 1% artistique du campus d’Orléans, en étant placée devant les bâtiments de physique-chimie.

Présentation de l’oeuvre et réflexion de l’artiste

La sculpture d’une hauteur totale de 3,70 mètres est constituée de deux panneaux en acier assemblés perpendiculairement et découpés de formes géométriques. L’un, peint en rouge, représente le feu et le chimiste Lavoisier, dont la tête est reconnaissable aux traits distinctifs du visage (yeux, nez, bouche, oreilles). L’autre, peint en bleu, représente le sulfate de cuivre.

Les parties supérieures sont surmontées de six symboles chimiques, peints en bleu sombre (ils sont aujourd’hui en gris depuis une restauration survenue au début des années 2000) et répartis de la manière suivante : l’acide sulfurique et l’air sur le panneau rouge, l’acide vitriolique, les oxydes, la vapeur d’eau et le gaz carbonique sur le panneau bleu (il était à l’origine vert, la couleur bleue que l’on voit aujourd’hui est due à un choix lors de la restauration de l’œuvre au début des années 2000).

L’intention du sculpteur était de mettre en valeur les grands travaux scientifiques d’Antoine Laurent Lavoisier qui, à partir de 1768, entreprend d’approfondir la nature des quatre éléments considérés depuis l’Antiquité comme porteurs d’une réalité inaccessible à l’analyse scientifique, la terre, l’eau, l’air et le feu. Trois des quatre éléments sont repris dans la sculpture : l’air et l’eau, à l’état de vapeur, sous la forme des symboles chimiques ; le feu est traduit symboliquement par la couleur rouge : son importance est soulignée par l’emploi dominant de cette couleur pour l’un des éléments de la structure qui représente aussi la silhouette du chimiste.

À l’aide des symboles chimiques, le sculpteur représente les grandes avancées du scientifique dans le domaine des acides, des oxydes et du gaz carbonique. Les acides sont représentés par l’acide vitriolique , selon l’ancienne nomenclature, mais aussi selon la nouvelle nomenclature . La citation du sulfate de cuivre, symbolisée par la couleur verte, fait référence à cette nécessité nouvelle d’un langage chimique rationnel répondant à des règles fondamentales . Ce panneau aujourd’hui de couleur bleu est ainsi dédié tout entier aux nouveaux symboles chimiques, exception faite de l’acide vitriolique dont la représentation provient de l’alchimie médiévale, comme c’est aussi le cas pour l’air, sur le panneau rouge.

Une sculpture aux multiples péripéties

Les origines de ce projet remontent à l’année 1976, quand René Thinat (1908-1978) alors maire d’Orléans depuis 1971 s’aperçoit de l’inexistence de projet décoratif pour le groupe scolaire Lavoisier ouvert depuis 1972. L’installation d’une oeuvre étant la contrepartie à l’obtention d’une subvention du préfet, celui-ci menace de la retirer, obligeant la mairie à se tourner en urgence vers l’École des Beaux-Arts pour rechercher un candidat. En 1977, le premier projet retenu n’est toujours pas présenté par son auteur, et le conseil municipal perd patience. Il décide alors de confier ce chantier à Roger Toulouse, un artiste reconnu qui accepte la proposition. Celui-ci a déjà réalisé de nombreuses commandes publiques pour la ville d’Orléans et des villes du Loiret, et se passionne depuis le début des années 1970 pour la sculpture monumentale comme l’illustre ce projet.

Destinée dans un premier temps au groupe scolaire Antoine Lavoisier d’Orléans La-Source, la sculpture va, dès son installation en 1978 à proximité des écoles maternelle et primaire, susciter des critiques de la part des parents d’élèves. Ceux-ci s’inquiétant pour leurs enfants à causse des formes anguleuses et pointues de l’oeuvre métallique, vont alors multiplier les pétitions pour son retrait.

La sculpture sera alors à une date qui reste inconnue déplacée vers le Parc Floral, où elle subira de grandes détériorations avant d’être « redécouverte » en 1989 grâce à l’association des amis de Roger Toulouse. Celle-ci va alors aider la Direction des affaires culturelles de la ville d’Orléans propriétaire de l’oeuvre au titre du 1%, dans son projet de restauration en vue d’une réinstallation. Ce projet est alors confié à Daniel Leclercq (1946-2020), un artiste orléanais durant l’année 2000. Une fois la restauration effectuée, non sans mal, du fait du manque de sources à disposition du restaurateur pour retrouver les couleurs d’origines. L’oeuvre est finalement installée au centre du rond-point du Parc Floral à l’entrée de La Source, avant d’être une nouvelle fois déplacée à l’entrée de l’avenue Jean Zay, sur le terre-plein central entre le Théâtre d’Orléans et la rue de la Manufacture. Suite à une convention de dépôt entre la mairie et l’Université d’Orléans , l’oeuvre est fixée pour au moins les six prochaines années au sein de l’UFR Sciences de la Faculté d’Orléans, dans un cadre à forte teneur scientifique et à proximité de son implantation d’origine.

Pour aller plus loin …

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